Le 07 octobre 2019
Comme d’autres maisons en Sarthe, celle de Mohamed Benyahia se fissure depuis la sécheresse de 2018. L’habitant de Neuville-sur-Sarthe, une commune non reconnue en état de catastrophe naturelle, a créé en septembre 2019 l’antenne sarthoise de l’association « Les oubliés de la canicule ».
Des fissures longues d’un mètre et larges de plusieurs centimètres entaillent la maison de Mohamed et Karima Benyahia, construite en 2005. « Ça s’est déclenché en septembre 2018 », raconte Mohamed, qui tente de remonter plus loin dans le temps. « J’ai l’impression qu’en 2011 les portes commençaient à frotter mais à cette époque j’étais loin de penser que ça venait du sol et de la sécheresse. »
« On entendait des bruits, on sentait les murs bouger, c’était angoissant »
Le couple, installé dans le village de la Trugalle, commune de Neuville-sur-Sarthe, a dû faire installer cinq étais – trois à l’intérieur, deux à l’extérieur – dans un angle du pavillon pour éviter qu’il ne s’effondre. « On entendait des bruits, on sentait les murs bouger, c’était angoissant. » Les deux pans de mur sont artificiellement consolidés. Mais le stress n’a pas disparu.
Deuxième mauvaise nouvelle le 9 août 2019, avec la publication de l’arrêté du 16 juillet 2019, reconnaissant l’état de catastrophe naturelle dans seulement cinq communes sarthoises (Avezé, Champfleur, Conlie, Fresnay-sur-Sarthe, Louzes) à la suite de « mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols du 1er octobre au 31 décembre 2018 ».
Vers un dépôt de recours gracieux
Neuville-sur-Sarthe, comme 18 autres communes sarthoises demandeuses (1), n’en fait pas partie. « L’assurance ne peut pas nous indemniser si l’état de catastrophe naturelle n’est pas reconnu », explique Mohamed Benyahia.
Le Sarthois monte actuellement un dossier technique qu’il transmettra à la mairie de Neuville-sur-Sarthe – il a déjà évoqué sa situation à la maire Véronique Cantin – pour un dépôt de recours gracieux. Sans aucune garantie de succès.
En attendant, « la situation continue à se détériorer et on n’a pas les moyens de faire des travaux. On veut garder notre maison ! », lance Karima comme un cri du cœur. Son mari a créé, en septembre, une antenne sarthoise de l’association « Les oubliés de la canicule ».
« En tant que citoyen, on se sent démuni »
«J’ai vu un reportage sur « Les oubliés de la canicule », j’ai décidé d’adhérer et je suis devenu le référent pour la Sarthe. En tant que citoyen, on se sent démuni. Le but, c’est de fédérer les gens qui rencontrent les mêmes difficultés, pour les aider à obtenir gain de cause. On aimerait que les sinistrés se manifestent, on va créer une page Facebook.»
Mohamed et Karima sont-ils les seuls habitants sinistrés dans leur quartier à La Trugalle ? Seulement en apparence. « Notre maison n’est pas touchée, les fondations sont sans-doute plus profondes, mais on a des fissures sur toute notre terrasse qui sont apparues au fil du temps », montre un voisin.
(1) Ardenay-sur-Mérize, Le Bailleul, Berfay, Bonnétable, Conflans-sur-Anille, Coulaines, Dollon, Juigné-sur-Sarthe, Lavaré, Loué, Le Mans, Mareil-sur-Loir, Mézières-sous-Lavardin, Mulsanne, Neuville-sur-Sarthe, Parigné-l’Évêque, Pruillé-le-Chétif, Sablé-sur-Sarthe, Savigné-l’Évêque.